Soirée whiskeys irlandais du 14 mars 2015
Voici le compte-rendu de notre dégustation du samedi 14 mars, consacrée aux whiskeys irlandais, à laquelle 16 personnes ont pris part. Il s’agissait de la troisième dégustation organisée par le Whisky Friends Club en un peu moins d’une année, les deux premières ayant pour thème l’embouteilleur indépendant Malt of Scotland, pour l’une, et une sélection de whiskys provenant de divers embouteillages indépendants, pour l’autre.
Il est utile de préciser que je suis assez sévère dans mes cotations : il est rare que j'accorde un 7/10, sauf à mes coups de cœur...Tout cela, à défaut d’être très objectif, a au moins le mérite d’être indicatif. Justement : des coups de cœur, y en a-t-il eus lors de cette soirée ? Vous l’apprendrez en lisant la suite.
Pour cette troisième dégustation, Patrice a eu la bonne idée de prévoir un vrai starter, à savoir un whisky qui allait recevoir le douloureux privilège d’ouvrir le bal avant de commencer les choses sérieuses. Le premier whisky est en effet le plus difficile à boire dans la mesure où il faut habituer son palais au goût particulier de la boisson, ainsi qu’au taux d’alcool élevé (40% au minimum, à défaut de quoi l’appellation « whisky » ne peut lui être attribuée).
C’est donc un rôle particulièrement ingrat d’ouvrir une dégustation, et il est préférable de ne pas débuter par un produit trop prestigieux dont on ne pourrait profiter pleinement.
Ce starter, c’était un Green Spot single pot still (40%). Le nez est discret : pas grand-chose ne se dégage, si ce n'est une douceur caractéristique des whiskeys irlandais. En bouche, cette sensation de douceur se confirme, ce qui est finalement assez logique avec un taux d'alcool aussi "bas". Elle s'accompagne d'un arôme de vanille qui sera le (mon) fil conducteur de la soirée. Un whiskey facile à boire, avec un bon rapport qualité/prix (environ 40 €). Rien de transcendant, mais une bonne entrée en matière pour qui voudrait s'initier au whisky, et aux irlandais en particulier. De quoi mériter un 6/10 à mes yeux.
Nous enchaînons avec un Redbreast 15 ans single pot still (46%). Au nez, la sensation est identique, à savoir quelque chose de neutre, avec quelques soupçons de colle (oui oui...mais c'est subjectif) et de caramel. En bouche, ce whiskey est beaucoup plus présent que le Green Spot. Le taux d'alcool est plus élevé, évidemment. La bouche, donc, est légèrement piquante, épicée, avec ici aussi un arôme de vanille. C'est donc un produit qui a davantage de caractère, mais qui reste agréable, dans la lignée des irlandais. Je lui accorde un bon 6/10.
Ensuite, place à… un whiskey inconnu, embouteillé par The Nectar of Daily Drams. Comme l'a précisé Patrice, les embouteilleurs indépendants ne communiquent pas le nom de la distillerie lorsqu'il s'agit de whiskey irlandais. Curieuse pratique. Ce whiskey tire à 53,5% (c'est un brut de fût, c'est-à-dire mis en bouteille sans le diluer avec de l'eau). On est donc en présence d’un alcool bien plus fort sur papier, mais les apparences peuvent être trompeuses. Il est âgé de 14 ans (2000/2014). Du nez se dégage un parfum de...vanille, mais aussi de fruits à chair blanche. En bouche, il est assez sec, fruité, avec un arrière-goût de fruits exotiques. La finale est étonnamment brève. Un whiskey frais, fruité, épicé, encore plus agréable avec quelques gouttes d'eau (ce qui libère les arômes de fruits). Lui aussi mérite certainement un 6/10.
Nous voici arrivés à la moitié de la dégustation, et au moment que j'attendais : la découverte du Bushmills 21 ans (40%), probablement un des whiskeys les plus célèbres en Irlande. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, son âge est déjà respectable, les whiskeys irlandais vieillissant moins bien que les autres en raison du climat (merci à Patrice pour l'info). Le nez penche cette fois vers la noix, et ce parfum est également présent en bouche. On y retrouve par ailleurs des arômes de tabac. La douceur est complètement au rendez-vous, ce qui n'est pas une surprise vu le taux d'alcool de ce Bushmills qui était un peu le mal aimé de la soirée en raison des fortes attentes qu'il avait générées au regard de son prix (environ 130 €). Pour ma part, je l'ai trouvé très agréable, notamment en raison de sa douceur. Un whiskey "féminin", comme l'ont dit certains, sans sombrer dans le machisme. Je lui accorde un généreux 7/10 si l'on fait abstraction de son prix. Je ne mettrais pas cette somme pour un whiskey qui ne fait pas de réelles étincelles, mais il est possible de le trouver moins cher avec quelques bons tuyaux. Et là, il est déjà plus intéressant pour ceux qui, comme moi, aiment les whiskys assez doux.
Nous en sommes déjà à la cinquième et avant-dernière étape de notre soirée. Et c’est au tour de la présumée star de la soirée : un autre whiskey "inconnu" embouteillé par The Nectar of Daily Drams et La Maison du Whisky, âgé de 22 ans (1991/2014...oui, ça peut faire 22 ans quand on parle de whisky), qui tire à 46,6%. Le nez est cette fois fruité, voire citronné. En bouche, une certaine amertume se dégage avec, en finale, la présence surprenante du cassis. Un produit agréable, apparemment bien côté par les spécialistes, à qui j'attribue un 6/10 car je ne l'ai pas trouvé hors norme. Son prix (150 €) ne me fera pas changer d'avis, mais il serait déjà introuvable ou presque. Bref, une nouvelle découverte agréable, mais pas suffisamment pour en faire mon prochain achat.
Et enfin, last but not least (enfin si : last but least), le Connemara 10 ans (52%), un whiskey difficile à trouver, mais surtout tourbé, pour finir en beauté (ou pas). La tourbe, ce n'est pas mon truc, sauf quand elle est subtile. Et ici, j'ai été confronté à une tourbe que je trouve classique, sans réelle nuance ni arôme tels qu'on peut les rencontrer dans les autres whiskys. Evidemment, ce n'est pas ce que je préfère, et mon appréciation s'en ressent. Je laisserai donc aux réels amateurs le soin de le décrire avec plus de précision et d'objectivité. Pour moi, il portera le bonnet d'âne de la soirée avec un 5/10.
En guise de conclusion, cette soirée m’a permis de découvrir de bons whiskeys qui valent assurément le détour, mais je n’ai pas eu de réel coup de cœur, comme cela avait été le cas lors des deux premières dégustations (Caol Ila 1979 et Miltonduff 1980).
Voilà qui clôture mes appréciations personnelles. Merci à Patrice pour l'organisation de cette soirée, et merci aussi à Agnès pour les cakes qu'elle avait préparés. Celui au citron était une véritable tuerie, comme dirait Jamie Oliver. Une seule chose à dire : vivement la prochaine dégustation, en espérant vous voir toujours plus nombreux !
Denis